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25 août 2020 - Agriculture, Performance & Conseil en stratégie

Stratégie d’exploitation et opportunités de filières

Conseil-cerfrance-agriculteur

Dans chaque entreprise agricole, il revient au dirigeant de définir la stratégie des 5 à 10 prochaines années pour son exploitation. Son choix est notamment orienté par les opportunités que la filière de production lui offre. Tout n’est pas
possible partout. La preuve à travers l’exemple de quelques filières d’élevage.

Quatre paramètres majeurs dictent le choix d’une stratégie dans une entreprise agricole :

  • Quel est le profil du dirigeant ?
  • Quels sont les atouts et contraintes de l’exploitation ?
  • Quels modèles économiques cohérents existent ?
  • Quelles opportunités offre la filière de production ?

Un agriculteur tenté par la vente directe mais réfractaire aux aspects commerciaux partira avec un sérieux handicap
en optant pour cette stratégie. De la même façon, une exploitation désireuse de différencier ses produits, sans pour autant vendre en direct, ne pourra rien concrétiser si la filière ne s’est pas engagée dans cette voie sur son territoire. À l’heure actuelle, en matière de segmentation de marché, tout n’est pas possible partout dans toutes les productions.

Du poulet pour tous les goûts

La filière volaille s’est lancée dans la segmentation il y a plusieurs décennies, faisant de la France LE pays spécialiste
des volailles de qualité. Label Rouge, bio, poulet certifié ou standard, les modes d’élevage se différencient à tous les niveaux : race, âge d’abattage, accès ou non au plein air, densités animales, alimentation. À l’arrivée, des produits aux qualités différentes pour des marchés diversifiés. Pourtant, la filière cherche à inventer encore de nouveaux modes de production. Pour supplanter la volaille importée dans la Restauration Hors Domicile, certains industriels recherchent des éleveurs prêts à construire ou rénover des bâtiments.
Il s’agit de produire de la volaille à un prix compétitif, tout en offrant des garanties complémentaires aux consommateurs en termes sanitaires (réduction des antibiotiques…), d’environnement ou de bien-être animal. Dans
cette orientation actuellement proposée aux éleveurs bretons, ces derniers doivent investir dans les bâtiments pour
bétonner les sols, apporter un éclairage naturel et améliorer la ventilation.
Dans d’autres régions, certains acteurs de l’aval misent sur un produit intermédiaire entre le standard et le Label Rouge pour séduire le consommateur.
Moindres densités animales, races à croissance plus lente, lumière naturelle, enrichissement du milieu, jardins d’hiver : tels sont les principaux ingrédients de la recette. Avant de nouer un partenariat avec un acteur en particulier, un
éleveur a intérêt à inventorier l’ensemble des possibilités qui s’offrent à lui.

Demain, du porc à toutes les sauces

À l’opposé de l’aviculture, la filière porcine a, jusqu’à présent, peu travaillé sur la segmentation amont, laissant aux industriels le soin d’élaborer des produits différents à partir d’une même matière première. La plupart des démarches de
différenciation amont actuelles garantissent surtout un lieu de production (porc breton, auvergnat, Ch’ti porc des
Flandres…).

Les démarches AOC Porc basque de Kintoa et AOC Noir de Bigorre font figure d’exception. Elles se distinguent par des
modes d’élevage proches du bio. Mais à l’inverse de celui-ci, elles ne peuvent concerner que des éleveurs situés sur
une aire géographique restreinte : Pays Basque pour le premier, Piémont des Pyrénées centrales pour le second.
D’autres opportunités commencent à émerger dans d’autres régions, à l’initiative des organisations de producteurs, des industriels de l’abattage-transformation ou de la grande distribution. Il y a les démarches “sans” : OGM, antibiotiques, douleur,… ; et les démarches “avec plus” : de surface, de lumière, de plein air, d’omégas 3. Avant de s’engager, les producteurs doivent mesurer le rapport coûts supplémentaires sur plus-value produit.

Et le bio ?

Dans la plupart des filières d’élevage, l’agriculture biologique constitue une des rares démarches accessibles dans tout l’hexagone. La production laitière le vérifie. À l’échelle nationale, les segmentations de type “lait sans OGM” ou “lait de pâturage”, sont proposées à un nombre restreint de producteurs. Du fait du coût élevé du transport de lait, seules peuvent être concernées les exploitations situées à proximité d’un outil industriel traitant ce lait différencié.
Pour une majorité d’éleveurs, la production biologique est la seule alternative offrant une plus-value. C’est une des raisons pour laquelle la production laitière biologique a considérablement crû au cours des quatre dernières années.
Stimulées par les nouvelles attentes des consommateurs dans toutes les filières, les lignes bougent et les débouchés
se diversifient
. De quoi donner des perspectives intéressantes à beaucoup d’exploitations.

Anne Bras, chargée d’études

Article issu du magazine Cerfrance « Gérer pour Gagner » Mai Juin Juillet 2020 – Retrouvez l’intégralité du magazine dans votre espace client.